יום ראשון, 9 במאי 2010

Dieu est parfois une femme

Dieu est parfois une femme

Par Gabriel Bensimhon

Quand j’arrive a Paris je m’installe dans l’un des hôtels près du Luxembourg. C’était mon quartier du temps de mes études à la Sorbonne et je lui reste attaché d’amour profond comme s’accroche un homme à sa jeunesse. Le Jardin royal d’une part avec ses arbres , ses fleurs , ses jets d’eaux et, de l’autre, les cafés, les librairies, la Sorbonne et la Seine , que peut-on souhaiter d’autre ? Après tout j’ai mon café où tout m’est familier, les garçons, les gens, les odeurs et les couleurs. J’y ai ma table habituelle où je bois mon café, assis face à mon cahier et parfois je pense : voila, en fin de compte, tout ce qu’un homme recherche dans la vie , une petite table, un petit espresso, un point c’est tout.Quand je me lasse et veux remuer mes membres, je vais faire un tour au Jardin du Luxembourg et si l’envie me vient de m’éloigner encore, je descends à la Station de Metro Luxembourg d’où je peux gagner en quelques minutes tout point dans Paris.
Aujourd’hui j’y suis descendu, décidé à aller prendre le soleil à La Défense. Voila des semaines que le ciel est couvert de nuages, le froid mordant vous pique et l’eau des fontaines est devenue glace, et soudain un soleil des dimanches se met à briller
.Dans l’entrée du Metro, parmi des photomates , des bankomates, des machines de vent de bonbons et de boissons j’ai repéré il y a quelque temps déjà un distrubuteur automatique de preservatifs. A l’endroit le plus public, où passent des milliers de personnes, se trouve, en pleine vue, le distrbuteur qui vend des preservatifs et vous explique comment introduire votre monnaie pour en obtenir. Le plus drôle c’est que je passe par la chaque jour et n’ai jamais vu personne s’arrêter devant cet distrubuteur. Les gens se servent des téléphones publics, des photomates, des bankomates , mais personne ne s’approche de cette machine-la, alors que fait-elle la si on ne s’en sert pas ? Par curiosité je décidai d’essayer si, en fait, elle fonctionnait.
A la vérité je n’avais besoin d’aucun preservatif, j’étais venu à Paris pour écrire. Paris m’aide à me déconnecter et à entrer dans ma bulle où je tente de m’entretenir avec moi-même, avec mes angoisses, mes interrogations, mes cauchemars et mes doutes. Je ne viens pas pour créer des liens. De sorte que cette machine-la ce n’est pas moi qui l’ai cherchée comme c’est elle m’a cherché. Je glissai ma pièce comme il est écrit, poussai le bouton désigné, attendis que le preservatif ‘tombe’, mais : rien. Je tapai sur la machine comme on fait dans ces cas-là pour faire descendre la pièce, mais toujours rien. ‘’Permettez-moi, s’il vous plait’’, j’entends une voix de jeune fille, je me retourne et la vois, elle, vingt, vingt-cinq ans, une broussaille de boucles noirs, lunettes à la Trotsky, et la bouche de Merlin Monro, des fossettes et un sourire d’enfant qui éclaire tout le visage. Laissez-moi faire, dit-elle, sort ma pièce de monnaie, l’introduit à nouveau, presse le bouton et le preservatif descend. Tenez, elle sourit et me tend le paquet ; je suis là, debout et la regarde alors qu’elle, avec aisance, introduit une pièce, sort un paquet pour elle-même, le met dans son sac et commence à partir, S’il vous plait je lui lance tout en lui tendant mon paquet, je n’ai pas besoin de ceci, si vous le voulez…Pourquoi, fait-elle, vous l’avez acheté, Ce n’était que pour rire, dis-je, je voulais voir si la machine fonctionnait, Et pourquoi elle ne fonctionnerait pas, elle demande. Je lui explique que je passe ici une ou deux fois par jour et n’ai jamais vu personne s’en servir. J’achète toujours ici, elle répond, c’est plus simple qu’à la pharmacie et c’est ouvert vingt-quatre heures. Bon, en tout cas, si vous avez besoin, je renouvelle mon offre. Mais, et vous ? fait-elle étonnée, de nos jours c’est dangereux sans. Je n’ai pas l’intention de…L’intention de quoi elle demande. C'est à dire…vous voyez…je suis à Paris…je ne suis venu que pour…, Il faut que vous ayez ça dans votre portefeuille comme la Télécarte, vous ne pouvez pas savoir quand vous en aurez besoin. Elle ouvre son sac et me montre encore deux paquets du même type, Voyez elle dit. Alors pourquoi vous l’avez acheté… je lui demande, tandis que nous montons ensemble par l’escalier mécanique. C’est pour ma mère, elle dit, Elle m’a demande de lui en acheter, Alors, prenez, je lui dis en lui tendant à nouveau le mien, pour votre mère.– Ecoutez, elle me dit, je vais aller boire un café en face, vous-voulez me tenir compagnie ? Volontiers, je dis et nous nous dirigeons ensemble vers le Café du Luxembourg, mon café. Et où choisit-elle de s’asseoir sinon à ma table celle ou Je prends tous les jours mon espresso et sur laquell j’ecris mes histoires ? Vois, me dis- je a moi-même, ton histoire vient s’assoir a ta table.
Nous avions commandé le café et étions assis face à faceà nous regarder, nos mains se touchant presque ; son sourire est candide et sensuel à la fois, impossible de savoir quoi croire. Vous savez me dit elle, votre preservatif n’est pas sorti parce que le jeton n’est pas descendu. Qu’est-ce qui n’est pas descendu ? dis-je. Le jeton, elle me répond..Parfois ajouta-t-elle, l’homme ne veut pas utiliser le preservatif, mais le preservatif veut l’utiliser, lui, vous comprenez ? Ses levres étaient pleines et sèches, comme avides de contact et mes doigts y touchèrent presque, quand une sonnerie de téléphone se fit entendre venant de sa sacoche. Elle en extirpe son portable et répond : Oui je l’ai acheté, je te l’apporterai, ne t’en fais pas. Les gens tout autour prennent leur petit déjeuner, d’autres boivent juste un café, assis avec un cahier ou un ordinateur portable, et moi je la regarde et me demande ce que je vais bien pouvoir en faire ? Elle pourrait avoir l’âge de ma fille. Plutôt sans gêne, elle me surprend quand, apercevant mon cahier, elle me demande ce que j’écris. Je l’ouvre et le lui montre.
Ouaou ! Elle reste bouche bée. Que vous arrive-t-il ? je dis. Je n’ai jamais vu chose pareille, dit-elle et examine mon écriture. Vous écrivez de droite à gauche et tellement petit ? Vous arrivez à vous relire ? C’est un embrouillamini absolu. Impossible d’entrer chez vous. Impossible d’en sortir. Mon Dieu, qui êtes-vous donc? Je vois un dédale obscur et là, au fin fond, se terre votre Minotaure. C’est effrayant. Qu’est-ce donc qui vous effraye ? je demande. Donnez-moi votre main, dit-elle, s’en saisit, l’enserre de ses deux mains chaudes, l’examine avec attention et dit : Vous avez besoin d’aide ! Le monstre est là qui veut vous déchirer . Quel monstre? Quoi? Prenez-garde ! soyez prudent ! Elle lit dans ma main, passe son doigt sur des lignes dans la paume de ma main et ensuite sur mon écriture, sur mes sourcils et sur mes levres, quand à nouveau son portable se fait entendre ; elle le saisit et répond : Ecoute, j’arrive de suite. Je regrette, me dit-elle, finit d’avaler son café et me tend une carte de visite, Appelez-moi quand vous voulez. Je dois filer. Une femme soudain envahit votre bulle, vous laisse un preservatif en main et s’en va
. Il y a peu il m’est arrivé une drôle d’aventure à Venise. Je me trouvais sur un quai du port, agitant ma main vers ma fille qui était à bord du bateau qui s’éloignait ; non loin de moi se trouvait une belle fille rousse, qui elle aussi,prenait congé d’un couple âgé qui se tenait là haut. Quand le bateau eût disparu nous montâmes tous deux sur la même embarcation qui nous ramena à la Place Saint Marc. Privés d’une langue commune nous ne pûmes converser. Tout ce que je compris c’est qu’elle avait pris congé de ses parents, de pieux chretiens, qui se rendaient en Terre Sainte en pèlerinage et qu’elle prendrait le train pour rentrer a Padoue, la ville où elle résidait. A la Place Saint Marc nous nous séparâmes, en effet, elle se dirigea vers la Gare Centrale et moi vers le Grand Canal pour chercher un hôtel. Vous êtes combien ? me demande le préposé à la réception dans le premier hôtel. Un seul, je réponds. Je regrette, dit-il, nous n’avons pas de chambre pour une personne seule, je payerai pour une chambre double , je dis. Impossible, répond-il. J’ai pensé qu’ils n’avaient pas le droit d’encaisser d’une personne seule le prix pour deux. J’allai dans un autre hôtel mais là aussi : pas de chambre pour personne seule, et ils ne sont pas prêts à prendre d’une personne seule le prix pour deux. Il a fallu que j’arpente les rues pour finalement découvrir qu’à Venise, dans les hôtels, il n’existe pas du tout de chambres pour célibataires. Conclusion : je vais devoir dormir dans la rue ! Sans doute des raisons religieuses, je raisonnais. La cité chrétienne veut me protéger du péché et veiller sur la moralité dans l’hôtel. Je sortis dans la rue, désemparé. Et qui vois-je sinon la rousse du quai ? Je lui souris et avec le peu de mots que je possède en italien je tente de lui expliquer : Nell hotello non c'e camera per uomini solo, c'e bisogno di una donna. En bref, pour avoir une chambre ilme faut une compagne. Elle, aussitôt, engagea son bras dans le mien, nous entrâmes dans l’hotel bras-dessus, bras-dessous et ce fut la nuit d’amour la plus belle et la plus longue que je connusse jamais et le début d’un roman mouvementé qui devait nous mener à Jérusalem, Nazareth, Bethlehem aux Eglises de la Nativité et du Saint-Sépulcre et depuis je suis reconnaissant à Venise et à ses romantiques idées

Je décidai de l’appeler sur le portable. Bon…, mais que dire à une jeune fille dont je ne savais pas même le nom ? J’avais cherché le silence, à m’isoler dans quelque café anonyme mais soudain apparaît quelqu’une aux levres pleines et te fourre un preservatif dans la main, et, avec un preservatif en main, tu peux écrire, toi ? Je ressortis la carte de visite qu’elle m’avait laissée, je la regarde enfin, et zut ! ce n’est pas sa carte personnelle mais celle d’un restaurant dans le Marais.Elle y aura mangé avec des amis, la carte se sera glissée parmi ses papiers et c’est par erreur qu’elle me l’aura remise au lieu de la sienne. Le contact est coupé, une porte a peine entrouverte s’est fermée. Je ressentis soudain le besoin très fort de la trouver, mais comment faire ? Je peux appeler le restaurant, mais même son nom, je ne le sais pas. Et disons même qu’ils se rappellent son visage – il n’est pas facile à oublier – une épaisse tignasse, un visage juvénile et sensuel, la bouche de Merlin Monro et les lunettes de Trozky , mais qui sait quand elle a été là-bas ? Et les restaurants gardent-ils donc trace de tous les clients?

Il y a quelques années j’arrivai très tôt le matin à Corinthe, la ville où grandit le Roi Œdipe jusqu‘à ce qu’il apprît brutalement qu’il n’était qu’un fils adoptif. Les vestiges de la ville étaient couverts de brouillard et on n’y voyait guère que des fragments de ruines, des morceaux de colonnes et de chapiteaux corinthiens brisés, mais on pouvait entendre le bruissement de la source Pirina tel que l’entendit peut-être Œdipe lui-même il y a des milliers d’années. J’etais venu là avec trois de mes amis et j’étais frappé par le spectacle enchanteur de ce lieu antique où vie et mort s’entremêlent quand je vis soudain, surgissant des brumes et sur le fond des colonnes corinthiennes, et s’approchant de moi, une déesse. On ne saurait décrire cela autrement. Jeune, élancée, vêtue d’un chiton bleu, elle semblait flotter vers moi hors du brouillard matinal, belle comme seules sauraient l’être des déesses ou des fictions de l’imagination avec sa chevelure d’or épandue sur ses épaules. J’étais bouche bée face à cette vision
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Mais alors que je me dirigeai vers elle, voici que, déchirant le brouillard, un autobus de touristes, couleur pourpre, la ramassa, elle et ses compagnons de route, me ferma la porte au nez et s’éloigna. Cela, je ne pus l’accepter et je décidai de la suivre. Mes amis se moquèrent de moi : nous, nous n’avons rien vu. C’est ton imagination. A force de lectures de la mythologie tu transformes aussi la réalité en fiction. Il n’y a pas de dieux, ni sur terre ni dans les cieux et si femmes il y a, nous ne les avons pas vues ce matin ! Mais moi, je m’en retourne à Athènes, descends à la Place Syntagma, entre dans la première agence de voyage que je vois et demande son aide à l’employé : …Ce matin à sept heures, à Corinthe, sortant du brouillard, une déesse aux cheveux blonds, vêtue d’un chiton bleu, est apparue devant moi et quand je me suis approché d’elle … il ne me laissa pas poursuivre. Que me demandez-vous ? …Je pensais … peut-être pouvez vous m’aider…Il ôta ses lunettes et marmonna : Ici c’est une agence de voyage, pas une agence matrimoniale, au revoir. J’entrepris la tournée des bureaux de voyage et racontai mon histoire dans une foule de versions jusqu'à ce qu’en fin de journée je trouve l’homme qui était prêt à m’écouter jusqu’au bout. Voyez-vous, me dit-il, tout en caressant sa barbiche blanche, dans ma jeunesse un événement semblable s’est produit pour moi, au même endroit et à la même heure. Peut-être s’agit-il de la même déesse, qui sait ? Mais je n’ai fait aucun effort pour la retrouver. Je suis prêt à vous aider pour réparer ce que j’ai gâché. Dites-moi quoi faire ? Peut-être a-t-elle voyagé par votre agence , je dis. Des centaines de gens voyagent par moi chaque jour, comment puis-je savoir ? Et vous ne savez pas même son nom. Peut-être dans une autre agence ? Il y a des centaines d’agences de voyage. L’autobus était rouge. Il y a plusieurs compagnies avec des ‘bus rouges, dit-il. Il y avait avec elle un couple âgé, peut-être ses parents , je dis. Il prit le téléphone et se mit en devoir d’appeler d’autres agences jusqu’à ce qu’à la fin il obtint une réponse positive, oui, dans le premier bus pour Corinthe, de six heures du matin il y avait un couple avec leur fille, ils résident au Hilton à Syntagma. Il prit la peine d’appeler lui-meme, me passa le téléphone, une voix de femme âgée répondit.Alors avec quelqu’ appréhension je lui racontai : Vous ne me connaissez pas, Madame, mais ce matin à l’aube, dans les lambeaux de brouillard à Corinthe, au son du bruissement de l’eau de la source Pirina, j’ai vu venir vers moi une déesse, vêtue d’un chiton bleu, sa blonde chevelure flottant au vent. J’ai voulu m’approcher d’elle, toucher pour savoir si c’était bien une déesse que je voyais, mais …C’est ma fille Ursula’’, me dit la femme à l’autre bout de la ligne, d’une voix aimable et souriante, Pourrais-je lui parler ? Elle est sortie faire des courses, mais vous êtes invité à nous joindre pour le thé de quatre heures. A quatre heures de l’après-midi nous étions tous assis sur la terrasse de leur chambre au Hilton à boire du the anglais. Elle était là. La fille de l’ambassadeur d’Angleterre au Kénya, étudiante a l’université de Nairobi venue passer des vacances dans le pays natal de sa mère, et bras dessus, bras dessous nous descendîmes au restaurant de poissons face à la mer, nous mangeâmes des calamars et bûmes de la Retsina, qui est comme le nectar et l’ambroisie, le café nous le prîmes chez moi et là, de très près, sur son corps chaud et croquant, j’appris qu’un dieu est parfois un humain et qu’un être humain peut parfois être un dieu. Le lendemain je retournai heureux chez mon vieil agent de voyage pour le remercier et acheter chez lui un billet pour Nairobi
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Ici, a Paris, je n’avais pas le début d’une piste ; à quelle genre d’agence m’adresser ? Aux Objets Perdus ? Elle ne sait même pas qu’elle m’a donné une carte de visite erronée. Une femme te laisse un préservatif dans la main et s’en va. Où est-elle allée ? Qui l’a appelée ? La tasse de son café est encore devant moi. Je la touche et regarde les traces de café dans le fond. Si je savais lire dans le marc de café, je pourrais peut-être savoir son nom et son adresse et même son numero de telephone, qui sait ? Je paye et Je sort, decends le Boul’Mich, pass a cote d’un telepohone publique, m’apprete a y entrer quand Je la vois qui sort de chez Gibert Jeune un gros paquet de livres sous le bras et arrête un taxi . Hé ! Je l’appelle depuis l’autre côté du boulevard mais elle ne m’entend pas et la voiture repart déjà. J’arrête un taxi et demande au chauffeur de la suivre. Nous traversons Paris, arrivons à cote de l’Opera, au carrefour ils passent au vert et le feu change au rouge juste devant nous, et mon chauffeur s’arrête, je lui demande de continuer, mais dans l’autre sens les voitures traversent déjà, je suis sur des charbons ardents jusqu'à ce que les feux changent et la voiture repart, par chance nous les repérons au carrefour suivant et nous les suivons de près, elle passe par la Madeleine, la Concorde. Là elle s’arrête, la jeune fille descend et elle entre aux Tuileries, je descends après elle, il fait une journée froide, elle se tient debout près de la grande pièce d’eau, l’eau y est gelée, peu de gens sont dans le jardin, tous avec des foulards autour du cou qui leur cachent la moitié du visage et le chapeau qui en cache l’autre moitié sauf elle avec sa grande crinière livrée au vent. Comment m’adresser à elle ? Quoi lui dire ? Il ne manquerait plus qu’elle se retourne et me reconnaisse, elle pensera qu’elle a à faire à un fou, mais elle m’a laissé une invitation, une carte de visite, je dois lui dire qu’elle s’est trompée de carte, que je n’ai pas son numéro…Hé ! Je me rapproche et l’appelle, elle se retourne et je vois que ce n’est pas elle, même crinier, mêmes lunettes, même manteau et même sacoche mais une autre femme, la quarantaine, qui me regarde avec l’air de dire :Que me voulez-vous ?- Merde ! je me dis a moi-même, et je m’éloigne complètement découragé vers le Louvre. Près de la Pyramide le preservatif m’échappe des doigts, je me baisse et le ramasse, déchire l’enveloppe et le sors, il est très doux, lisse, agréable au toucher, teinte rosée, je le porte a mon nez, il sent la rose, j’y souffle de l’air, il se gonfle , s’enfle jusqu'à éclater, je noue l’ouverture, sors une plume de ma poche et marque : Au diable ! Toi et ton preservatif ! et le lance en l’air, il s’élève de plus en plus haut, comme un grand sein et le vent le pousse vers la Concorde, je le suis des yeux, vois comme l’Obélisque le tapote par petites touches et lui va en s’élevant , se met a voler tout seul dans l’air avec le vent vers le jet d’eau, une jeune femme l’aperçoit et le montre a sa petite fille, le ballon se rapproche d’elles tres grand il ressemble a une mamelle géante avec le pis dehors, elle remarque l’inscription , sourit pour elle-même, le ballon grimpe plus haut et navigue vers la Seine ; j’essaye de le suivre, le vent l’entraîne et lui, comme un sein cosmique part a grande vitesse, passe la Seine, touche presque aux cheminées des maisons du Quartier Latin. Je parcours les ruelles du quartier, les yeux constamment en l’air à le suivre alors que lui, comme une lune avec un téton, vagabonde au dessus de la Tour St. Jacques, survole Notre-Dame, le Palais de Justice, et passant au dessus de la coupole du Panthéon il disparaît de ma vue. Je continuai à le chercher dans le ciel qui était nuageux, tres froid et tres vide, mais nul rayon de soleil, nul signe.Les passants emmitouflés dans leurs vêtements s’irritent chaque fois que, sans faire attention, les yeux levés, je les bouscule. Où est-il passé ? Je me demandais et où vais-je moi ? Sans en avoir eu l’intention je me retrouvais me dirigeant vers le Metro Luxembourg, de nouveau je descends les marches et ouvre le portillon et de nouveau je me trouve face à la machine à préservatifs et comme d’habitude personne ne se trouve a côté d’elle. Des gens étaient à côté des machines à bonbons, achetaient des gâteaux, parlaient aux téléphones publics, entraient et sortaient du Metro, mais vers elle personne ne venait. Et de nouveau je me demandais : qui s’en sert, pour qui a-t-elle été installée là ? Et je me mis en devoir de la faire fonctionner ; je sortis une pièce de mon porte-monnaie, la poussai dans la fente, attendis que le paquet sorte, mais rien ne sortit, je pressai encore un bouton sans aucun résultat, je remuais la machine- pas de réaction. ‘’Permettez-moi, s’il vous plait, entendis-je une jeune voix dans mon dos. Je tourne la tête et la voila, en face de moi, oui ,elle avec la bouche de Merlin Monro et les lunettes de Trozky , et un sourire qui éclaire toute la ville, Au diable votre preservatif me dit-elle avec un sourire et me tend le ballon, passe son bras dans le mien et nous sortons.
Traduit de l’hébreu par Victor Tordjman

Tous droits eserves:
Gabriel Bensimhon
Tel Aviv University
Department of Cinema and T.V.
Home: 11, Itzhak Sade St. Zichron Yaakov, Israel
Blog: http//:moledetzesex.blogspot.com
Origin: “Ya lghadia blkmoun, ya ragea bzatar, histories d’amour marocains”
(Holechet im kamoun, hozeret im Zaatar)
Hakkiboutz Hameuchad Editions, Tel Aviv

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